vendredi 11 avril 2008

Crise de liquidité: le double jeu des banques centrales

Depuis quelques mois les journalistes rapportent de manière régulière les mesures prisent par les banques centrales pour ajouter des liquidités dans le marché.

Il semblent que ces articles sont simplement des répétitions des conférences de presse de ces banques centrales dépourvues d'une analyse détaillée.

Une analyse de certains documents officiels disponibles sur Internet suffit pour se rendre compte que ces conférences de presse ne disent pas toute la vérité sur l'action des banques centrales dans le domaine des liquidités. Les banques centrales jouent un double jeu.

L'ECB a déclaré ajouter des liquidités à travers des prêts aux banques commerciales. La Fed à fait de même en ajoutant le prêts de titres d'états (américain) en échange de titres moins liquides (entre autres des mortgages). Ces actions sont celles qui sont mises en évidence et mentionnées dans la presse.

La “Bank for International Settlements” (www.bis.org) est une institution supranationale propriété des banques centrales et dont les membres du comité de direction sont les gouverneurs des banques centrales (http://www.bis.org/about/board.htm). Au delà du bien connu comité de Bâle et des réunions régulières entres gouverneurs, l'institution abrite un département bancaire qui est une contrepartie pour les transactions financières de ces mêmes banques centrales (voir http://www.bis.org/about/index.htm). Cette institution peut être considéré comme le bras financier caché des banques centrales.

Il peut être noté que cette institution c'est trouvée dans la presse financière il y a quelques années quand elle a exclu ses actionnaires privés pour un montant fortement inférieur à leur valeur intrinsèque. Le sort des ces actionnaires minoritaires peut être comparé au sort des actionnaires minoritaires de la Banque Nationale de Belgique. La BIS a été condamnée par le tribunal internationale de La Haye à dédommager les actionnaires (http://www.pca-cpa.org/showpage.asp?pag_id=1222).

Pendant que les banques centrales ajoutent officiellement des liquidité dans le marché, ces mêmes banques centrales en retirent un montant gigantesque de manière (presque) cachée à travers leur bras financier.

C'est ce qui ressort des chiffres publiés dans les comptes mensuels de cette institution: elle à enlevé de manière durable USD 140 milliard de liquidité du marché depuis Avril 2007 (http://www.bis.org/banking/balsheet/statofacc080229.pdf)...

En particulier les banques centrales ont, à travers cette institution, retiré USD 100 milliard d'obligations d'état du marché (directement ou à travers des reverse-repo: Securities purchased under resale agreements dans les comptes) et ont diminué leur prêts directs aux banques de USD 35 milliards (Time deposits and advances dans les comptes).

On se rappelle que la Fed avait fait beaucoup de publicité quand elle à proposé de prêter à court terme des titres d'état contre des obligations moins liquides, en particulier des obligations liées au mortgages, pour un montant de USD 200 milliard. Dans le même temps la BIS a retiré de manière durable un montant de USD 100 milliard de titres d'état liquides principalement à travers des reverse-repo. De plus la BIS n'accepte que les titres les plus liquides (titre d'états à taux fixe d'un maturité de moins de dix ans) pour ces transactions. Pire peut-être, ces transactions se font seulement pour de très courtes périodes, accroissant l'incertitude de liquidité. Les transactions de plus de trois mois on pratiquement disparues (moins USD 50 milliards depuis avril 2007).

Les prêts directs aux banques commerciales sans garantie ont diminué de plus de USD 35 milliards. Cette diminution de prêts c'est faite de manière encore plus sévère pour les prêts de plus de trois mois, ceux que les banques commerciales recherchent le plus en cette période de crise de liquidité (moins USD 40 milliard).

Dans le même temps la taille du bilan de l'institution a augmenté de plus de USD 100 milliard. C'est-à-dire que les banques centrales ont retiré cette somme du marché pour la placer dans leur bras armé, à l'abris des regards et du marché qui en aurait sans doute besoin. Ces retraits ont peut-être aggravé la crise de liquidité.

Si Mr Trichet et ses collègues gouverneurs des banques centrales voulaient améliorer les liquidités dans le marché ils pourraient le faire très simplement et directement pour une somme de USD 100 milliards à travers la BIS dont ils sont les uniques membres du conseil d'administration. Il leur suffirait de revenir à la situation en matière d'investissement qui prévalait il y a un an.

Les banques centrales et leur gouverneurs ont bien ajouté des liquidités dans le marché. Au même moment ils ont retiré une bonne partie de ces liquidités de manière cachée à travers leur bras financier qu'ils contrôlent totalement.

Il est étonnant que ce genre d'informations ne soient jamais publiées dans les journaux, même si elles sont disponibles.